OBJECTIFS
La Ville de Lille est une ancienne ville d’eau à la flore et à la faune de zones humides particulièrement riches. Au cours des dernières décennies, l’arasement des remparts, le comblement des fossés et l’urbanisation ont cependant grandement réduit ce patrimoine naturel.
La ville de Lille s’est donc engagée dès 2005 dans un plan de restauration de la biodiversité des zones humides. La création d’un réseau de mares en est l’un des éléments forts.
Il contribue à l’installation pérenne d’espèces dont la présence sur le territoire est précaire. Certaines populations sont en effet particulièrement vulnérables à une simple variation des paramètres physicochimiques du milieu ou à un assèchement trop fort ou prolongé.
L’objectif de ce réseau serré et continu le long de la Deûle est de limiter les risques de disparition d’espèces, conforter celles en place, voire en accueillir de nouvelles. Ces implantations stratégiques visent aussi à augmenter la probabilité de rencontre d’individus reproducteurs sur une mare et de dispersion des jeunes sur les mares voisines. Les espèces ciblées sont : les amphibiens (tritons alpestres, ponctués, palmés, grenouilles vertes et rousses, crapaud commun), les odonates (notamment lestes fiancés, barbares, bruns, agrions nains et de Van Linden).
La flore est également concernée puisqu’il s’agit de renforcer la présence de végétaux rares à Lille mais non protégés comme la véronique mouron d’eau, la patience des marais, la zannichellie.
MESURES MISES EN ŒUVRE
Environ 60 mares ont été créées depuis 2005. Le plan mare est un dispositif continu de densification des zones humides, dont les modalités de mise en œuvre évoluent avec le recul des premières expérimentations. Il est présenté ici les actions menées depuis 15 ans mais également les adaptations qu’il a été nécessaire d’y apporter.
Les mares ont été pour la plupart stratégiquement implantées le long de l’axe de la Deûle, dans la sous-trame des milieux humides et aquatiques. Elles sont de taille variable (de la micro-mare de 2 m² au jardin aquatique) et sont espacées au maximum de 200 mètres, ce qui correspond à la distance moyenne parcourue par un triton.
Certaines d’entre elles ont des fonctions plus spécifiques (frayère à brochets…).
Situées à distance de l’axe de la Deûle, d’autres mares ont été conçues pour leur intérêt écologique direct (accueil d’amphibiens, d’odonates…) et indirect (point d’eau pour la faune dans des espaces plus secs : oiseaux, insectes, mammifères…). Elles ont généralement une vocation pédagogique complémentaire. On les trouve en particulier dans les jardins partagés et dans les cimetières.
Compte tenu du rabattement généralisé de la nappe des limons sur le territoire, il a été nécessaire d’étanchéifier la plupart de ces mares. Aujourd’hui, face au réchauffement climatique, aux épisodes de canicule et à la sécheresse hivernale, les plus petites et les moins profondes d’entre elles sont devenues inutilisables, voire préjudiciables à la biodiversité. En effet, des assèchements trop rapides ou prolongés en font de véritables pièges écologiques pour les libellules et les amphibiens, dont les larves meurent avant d’arriver à maturité. Une opération de surcreusement est donc en cours afin de ménager des zones refuges et permettre aux espèces de finir leur cycle de reproduction.
Certaines mares sont naturelles, notamment celles qui accompagnent la roselière des Bois Blancs, celles de l’Ecole de la Forêt de Phalempin ou encore de la Citadelle :
RÉSULTATS / IMPACTS POUR LA BIODIVERSITE
Faune :
24 espèces de libellules ont été observées sur le territoire dont 17 s’y reproduisent. Les populations sont suivies grâce au programme STELI. On observe globalement une augmentation de la diversité des espèces et de la taille de populations.
Trois frayères à brochets fonctionnelles ont été créées.
Concernant les amphibiens, ils sont suivis par le programme POPAmphibiens, et on observe une augmentation de la population des grenouilles vertes et de différentes espèces de tritons.
Flore :
La mobilisation des semences des anciens fonds de marais a permis la réapparition de plantes disparues, dont certaines patrimoniales ou protégées : plantain à feuilles lancéolées, jonc subnoduleux.
CONTACTS
Sylvain LEROUX, Directeur Nature en ville
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